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Inégalités foncières

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L’ILC a joué un rôle dans ces changements. Continuez à lire le rapport pour découvrir comment.

Recherches novatrices et motifs de préoccupation

En 2020, l’ILC a publié un rapport sans précédent sur la hausse des inégalités foncières dans le monde.

Les recherches approfondies menées ont prouvé que les inégalités foncières étaient considérablement plus importantes qu’enregistré auparavant. Les données actuelles montrent en effet une hausse de 41 % par rapport aux données de recensement traditionnelles.

Le rapport, intitulé Uneven Ground : des inégalités foncières au cœur des inégalités sociales, apporte un éclairage nouveau sur l’ampleur des inégalités et la vitesse à laquelle elles croissent, et brosse le tableau de la situation le plus complet à l’heure actuelle. Le rapport a été rédigé par un vaste partenariat dirigé par la Coalition internationale pour l’accès à la terre, en étroite collaboration avec Oxfam.

« Dans le cadre de ce projet, une nouvelle méthode de mesure des inégalités foncières a été élaborée, qui ne se contente plus d’observer uniquement la taille des terrains recensée dans les recensements agricoles traditionnels », explique Ward Anseeuw, coauteur du rapport et coordonnateur de l’initiative.

Historiquement, les méthodes visant à mesurer les inégalités foncières excluaient des informations fondamentales, telles que la valeur des terres, les propriétés multiples et le statut de sans-terre, de même que le contrôle qu’a une personne ou une organisation sur ces facteurs.

« Ces conclusions modifient radicalement notre vision de l’ampleur des inégalités foncières et de leurs conséquences considérables, prouvant que nous sommes face à un problème plus important que nous ne le pensions, qui compromet également la stabilité et le développement de sociétés durables », ajoute-t-il.


Des inégalités foncières manifestes et en pleine expansion

Selon ces nouvelles mesures, les 10 % les plus riches de la population rurale accaparent 60 % de la valeur des terres agricoles, tandis que les 50 % les plus pauvres n’en contrôlent que 3 %.

L’étude conclut que les inégalités foncières menacent directement les moyens de subsistance d’environ 2,5 milliards de personnes travaillant dans l’agriculture de petite échelle, de même que les 1,4 milliard de personnes les plus pauvres, dont les moyens de subsistance dépendent principalement de l’agriculture, pour une grande majorité d’entre eux.

Et cette tendance est à la hausse. Les spécialistes mondiaux des inégalités l’attribuent en partie à l’intérêt accru accordé par les entreprises et acteurs financiers, tels que les fonds d’investissement, aux investissements dans les terres agricoles. Alors que les investissements commerciaux et financiers se multiplient, la propriété et le contrôle des terres sont de plus en plus concentrés et de plus en plus opaques.

Aujourd’hui, 1 % des exploitations les plus importantes exploitent plus de 70 % des terres agricoles de la planète et s’inscrivent dans le système alimentaire industriel, tandis que 80 % des propriétés agricoles sont de petites exploitations de moins de deux hectares, généralement exclues des filières alimentaires mondiales. Ce phénomène a même atteint les côtes européennes : à l’heure actuelle, moins de 3 % des exploitations agricoles représentent aujourd’hui plus de la moitié des terres cultivées dans l’Union européenne.

Si cette tendance n’est pas corrigée et poursuit son chemin, la hausse des inégalités foncières aura d’importantes conséquences négatives pour toutes les sociétés, sur le développement économique et social, sur l’environnement et sur la paix et la démocratie. Les auteurs insistent toutefois sur le fait que la concentration des terres n’est pas inévitable.

Les solutions nécessitent cependant une transformation radicale des rapports de force et des normes politiques, économiques, sociales et juridiques. Le rapport encourage, pour ne citer qu’eux, la démocratisation de la gouvernance foncière, le renforcement de la réglementation foncière, la transparence totale des propriétés foncières, la véritable reconnaissance des droits des minorités et l’appui gouvernemental à des modèles de production agricole équitables et durables.

Couverture médiatique

Le rapport a obtenu une importante couverture médiatique partout dans le monde, y compris de la part de publications comme Der Spiegel (Allemagne), La Repubblica (Italie), The Guardian (Royaume-Uni), le Bangkok Post (Thaïlande) et le Delhi Post News (Inde). Voir les nombreux médias concernés ici.

Télécharger le rapport complet et d’autres ressources, telles que données, études de cas et documents de recherche de solutions ici.

Pour maintenir la dynamique, le directeur de l’ILC, Michael Taylor, et la directrice exécutive d’Oxfam, Gabriela Bucher, ont rédigé en 2021 un éditorial commun intitulé « 5 ways we can address land inequality and women’s land rights »(Cinq façons de résoudre les inégalités foncières et d’assurer la reconnaissance des droits fonciers des femmes).

Spécialistes dans leur domaine

Partant des recherches menées dans le cadre du rapport Uneven Ground, l’ILC a développé une campagne de sensibilisation aux inégalités foncières et de promotion des nombreux avantages, pour la société et l’environnement, de la diversité des propriétés foncières et des utilisations de la terre. Sous l’intitulé « Spécialistes dans leur domaine », la campagne rend hommage aux petits et moyens agriculteurs, utilisateurs de la terre et producteurs dont les connaissances traditionnelles, les compétences et les rôles de gardiens de la terre risquent de disparaître avec la hausse des inégalités foncières.

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