Les droits fonciers sécurisés des femmes et des filles sont intrinsèquement liés à l’amélioration de leur leadership, de leur autonomie, de leurs opportunités économiques, de leur sécurité et de leur place dans la société.
Ils permettent de bâtir des communautés et des ménages prospères et résilients qui jouissent de meilleurs revenus, d’une meilleure nutrition infantile et d’un niveau scolaire plus élevé pour les filles, et qui utilisent les ressources naturelles de façon plus durable. Les organisations membres de l’ILC dirigées par des femmes sont très actives dans la formation au leadership, le mentorat et les échanges transrégionaux, et font entendre leur voix sur la scène régionale et mondiale. Parmi leurs réussites notoires, citons les mouvements pour la reconnaissance des épouses sur les titres fonciers au même titre que leurs maris, la sensibilisation aux droits fonciers des femmes et l’adoption de nouvelles méthodes de mesure des progrès en matière de droits des femmes.
Au cours des trois dernières années, l’ILC a rejoint Landesa pour siéger au comité de pilotage de la Campagne Stand For Her Land (S4HL), afin de mobiliser les ressources financières nécessaires au déroulement de la campagne au Bangladesh, en Colombie, en Ouganda et au Sénégal.
Points notables
- Au Nicaragua, les membres de l’initiative Mujer Rural ont contribué au vote d’une exonération des taxes foncières municipales sur les achats de terrains effectués par des femmes.
- La SNE Pérou a défendu une modification de la loi pour garantir la présence d’au moins 30 % de femmes dans les conseils communautaires.
- De nombreux participants à la Conférence Beijing+25 ont pris un engagement collectif en faveur des droits fonciers des femmes.
- La formation au leadership, le programme de mentorat et le réseau solidaire bénéficient à 41 femmes au sein de la Coalition.
« À terme, je pense que le quota de 30 % de femmes établi par la loi peut mener à une égalité parfaite et inciter ainsi les nouvelles générations à s’impliquer davantage dans la vie politique de leur peuple. Je pense que le futur n’est pas si lointain, surtout si cette loi est promue et diffusée et devient un levier de modification des statuts communautaires. »
Tania Pariona — ancienne députée de la République du Pérou
Histoire d'un membre
Cliquez ici pour partir à la rencontre de Maribel et écouter son histoire – ainsi que celle des autres femmes quechuas qui ont bénéficié de l’intervention de la SNE
En 2019, la SNE de l’ILC a défendu l’amendement de l’article 19 de la loi générale sur les communautés paysannes pour garantir la présence d’au moins 30 % de femmes dans les conseils communautaires. Des centaines de femmes rurales quechuas d’Ayacucho, comme Maribel, ont par conséquent été reconnues comme des comuneras qualifiées au sein de leurs communautés, surmontant les préjugés et la culture machiste traditionnelle qui empêchaient les femmes de s’exprimer sur les questions foncières.
« Le statut des femmes a changé, les femmes vont désormais être égales aux hommes, voire plus. » — Maribel Barrientos Najarro
Pour l’analyse complète des contributions de l’intervention de l’ILC au Pérou, cliquez ici.
LEADERSHIP TRANSFORMATEUR POUR LES DROITS FONCIERS DES FEMMES : UN VOYAGE D'APPRENTISSAGE
L'ILC se développe en tant que réseau d'apprentissage et il est important de comprendre comment les formations sont perçues et ce qu'elles contribuent à changer dans la vie des participants et de leurs organisations. Cette double interview présente l'expérience de Motlanalo Emily Lebepe (Mo), de NKUZI - Afrique du Sud, et Nasieku Kisambu, de WE EFFECT - Tanzanie. Elles ont toutes deux participé à l'atelier Transformative Leadership for Women's Land Rights (TLWLR) qui s'est tenu à Nairobi du 9 au 12 décembre 2019.
Étude de cas
Colombie: une lueur d’espoir
Après plusieurs dizaines d’années de conflit, la Colombie est aujourd’hui confrontée à bon nombre de problématiques foncières similaires à celles de ses voisins. C’est le cas notamment des inégalités foncières, les plus élevées du continent en raison d’une hausse du nombre de latifundios (grandes exploitations agricoles). Les femmes rurales et autochtones sont particulièrement affectées par ce phénomène.
En 2019, deux membres de l’ILC, le CINEP et CDS, ainsi que d’autres organisations de femmes, ont présenté un rapport sous l’égide de l’initiative Mujer Rural sur la situation des droits, y compris fonciers, des femmes rurales et des paysannes.
Ils ont rédigé un contre-rapport à l’évaluation des progrès effectuée par l’État colombien, qu’ils ont remis au Comité sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW). Alors que le document officiel manquait d’informations nécessaires pour comprendre le vécu de nombreuses femmes, en particulier rurales et paysannes, le rapport de l’ILC a souligné la détérioration constante de la situation socioéconomique de ces femmes, due à l’incapacité de l’État à mettre en œuvre des lois protégeant leurs droits fonciers.
L’ILC a rédigé un rapport sur la façon dont ces organisations ont procédé, pour ajouter à sa vaste collection de ressources consacrées aux bonnes pratiques. Il ne s’agit là que de l’un des nombreux moyens utilisés par l’organisation pour encourager l’échange d’idées et inspirer des actions à travers les différents pays et continents.
Pour l’analyse complète des contributions de l’intervention de l’ILC en Colombie
Les femmes rurales pourraient gouverner le monde
Dans tous les pays d’Amérique latine et des Caraïbes, les femmes sont propriétaires et gestionnaires d’un nombre moins important de terres que les hommes. Seules 30 % d’entre elles sont propriétaires de terres agricoles, malgré le rôle fondamental qu’elles jouent dans l’agriculture, la souveraineté alimentaire et la préservation de la biodiversité.
Une initiative menée par certains membres de l’ILC dans 13 pays du continent, Mujer Rural y Derecho a la Tierra (Femmes rurales et droits fonciers), a exercé une influence sur les politiques et pratiques en Colombie, au Guatemala, au Nicaragua et au Pérou et renforcé le pouvoir décisionnel des femmes rurales en matière de gouvernance foncière. Au Nicaragua, les membres ont contribué au vote d’une exonération des terres foncières municipales sur les achats de terrains effectués par des femmes.
Assurer le maintien de la justice entre les genres et du leadership des femmes
L’ILC ne se contente pas de défendre les droits fonciers des femmes dans les communautés et les espaces politiques mondiaux. Elle est elle-même un réseau composé de nombreuses femmes. Promouvoir la justice entre les genres et faciliter les échanges entre femmes au sein de la Coalition sont restés une priorité, en particulier dans le contexte de la crise de COVID-19. WOMEN FOR WOMEN (W4W), le réseau de mentorat et de solidarité de l’ILC qui compte 41 femmes de 27 organisations membres, a continué de faciliter les échanges et le soutien mutuel. Selon les participantes, ce réseau est « édifiant pour la carrière des femmes » ; « un espace sûr où les mentores et les mentorées peuvent apprendre les unes des autres » ; et « l’occasion d’apprendre de la passion, de l’expérience et des réalités variées des femmes impliquées ».
« Je ne savais pas si je pouvais modifier et influencer les politiques locales. Heureusement, je n’étais pas toute seule. J’ai pu me tourner vers les femmes d’autres organisations — dont des membres de l’ILC. Nous travaillons ensemble, nous échangeons des informations, nous nous consultons les unes les autres. » Winny Chepkemoi, responsable Droits fonciers des femmes, Kenya Land Alliance
Un engagement collectif en faveur des droits fonciers des femmes
En juin 2021, certains membres de l’ILC tels que Landesa, GLTN/ONU Habitat, Oxfam, la Commission Huairou, Nkuzi Development Association et la Global Feminist Land Platform ont facilité la rédaction de l’engagement collectif en faveur des droits fonciers des femmes, largement avalisé par différentes agences des Nations Unies, des groupes locaux, le secteur privé et des OSC. Ceci marque le point de départ d’un processus qui durera cinq ans pour assurer des progrès immédiats et irréversibles en matière d’égalité entre les genres et de défense des droits des femmes et des filles. [1]
« En tant qu’acteurs engagés en faveur de la réalisation des ODD et désireux de ne laisser personne pour compte, nous œuvrerons ensemble pour garantir le droit à la terre, au logement, à la propriété, à la biodiversité et à la gestion des ressources naturelles, ainsi que la gouvernance foncière participative pour 100 millions de femmes et de jeunes ruraux, urbains et autochtones ; ensemble, nous œuvrerons pour plaider collectivement en faveur de la reconnaissance de ces droits comme une condition fondamentale pour assurer l’égalité entre les genres, la justice économique, l’accès à un logement décent, l’action climatique, la neutralité de la dégradation des terres, la paix et la stabilité. Nous nous engageons à autonomiser les organisations rurales, urbaines, de terrain, autochtones, communautaires et dirigées par des femmes, les femmes qui vivent dans la pauvreté et celles en situation d’insécurité foncière et immobilière ou dans un logement précaire ; nous reconnaissons que cela nous oblige à partager le pouvoir et les ressources nous-mêmes, puisque nous demandons aux autres de faire de même. Nous nous engageons à mobiliser d’autres parties prenantes, à nous associer à elles et à développer des synergies avec elles en vue de l’élaboration d’un plan de mise en œuvre et de la concrétisation de cet engagement. »
LIRE ICILes femmes de l’ILC font toute la différence
En tant que coalition dotée d’une plateforme internationale, nous braquons les projecteurs sur les femmes qui travaillent sans relâche pour leurs terres et leurs communautés, afin de diffuser leur message puissant. Nous présentons ici certaines des femmes inspirantes qui ont travaillé en partenariat avec l’ILC ces trois dernières années.
Felia Sikubweza, SNE Malawi
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« Une fois que j'ai quitté mon mari, mes frères étaient réticents à me donner une partie de la terre familiale car ma culture dicte qu'une femme renonce à tous ses droits à la terre dans la maison parentale une fois mariée. Je n'avais pas d'autre choix que d'être courageux et de demander l'aide des dirigeants et chefs locaux pour négocier un lopin de terre de ma famille. Je n'aurais pas eu ce courage si je ne connaissais pas mes droits. »
Felia est une jeune maman agricultrice, qui s’est retrouvée coincée dans un mariage marqué par la violence. L’aide fournie par la Coalition of Women Farmers in Malawi (COWFA) lui a donné le courage de quitter son époux.
Aujourd’hui active au sein de la SNE Malawi, Felia est souvent invitée à s’exprimer sur les questions foncières dans les tribunaux traditionnels ou des réunions de district destinées à résoudre des litiges en raison du vaste corpus de connaissances qu’elle a accumulées. Par ailleurs, les chefs traditionnels l’invitent, ainsi que d’autres participantes, à plaider en faveur d’autres femmes dans des cas de résolution de litiges fonciers s’ils estiment que les victimes ne peuvent se représenter elles-mêmes.
Pour l’analyse complète des contributions de l’intervention de l’ILC au Malawi, cliquez ici.
Yahayra Herrera, Yorling López et Belkis Gonzáles, Nicaragua
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Belkis González ajoute : « Les ateliers m’ont appris des choses, et me permettent de venir en aide à ma famille en partageant mes connaissances avec mon mari. Nous avons tous deux mis ce savoir en pratique dans notre jardin et sur la parcelle que nous avons achetée. »
Dans la région d’El Jícaro, au Nicaragua, de nombreuses femmes ont pu accéder à la terre grâce à une coopérative foncière dirigée par des femmes et soutenue par la SNE Nicaragua et le membre de l’ILC Trócaire. La coopérative propose des crédits à ses membres et axe en priorité ses investissements sur les femmes pour leur permettre d’acheter des terres, tout en les formant pour qu’elles deviennent de bonnes productrices.
Yahayra Vásquez Herrera possède les trois quarts d’un bloc qu’elle a acquis par le biais de la coopérative en octobre 2018. « Je suis heureuse, désormais. Je me sens apaisée parce que j’ai ma terre, je sais qu’elle m’appartient. Les autres femmes disent que maintenant que nous sommes reconnues, nous sommes invitées aux réunions et prises en compte par la communauté », explique-t-elle.
Les conditions de vie de Yorling Velázquez López se sont beaucoup améliorées. Elle espère acquérir davantage de terres à l’avenir. « Ce que je veux, c’est rembourser mes crédits et en obtenir d’autres pour acheter plus de terrain. J’investis dans les pommes, le maïs, les haricots et le café, afin d’avoir plus de produits à vendre », raconte-t-elle.
Aigul Aydarbekova, Kirghizistan
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"Si vous traitez votre terre comme une mère avec respect, alors le bien viendra de cette terre" - Aigul Aidarbekova, femme éleveur
Aigul Aidarbekova est une épouse, une mère et une berger vivant dans le village de Cholpon, à Naryn, au Kirghizistan. En tant que personne jonglant avec de nombreux rôles, Aigul commence sa journée à 5 heures du matin pour cuisiner, faire paître le bétail et traire ses vaches et ses juments. Aux yeux des nomades du Kirghizistan, les femmes sont les gardiennes de la terre.
Rencontrez Aigul alors qu'elle nous parle des femmes nomades au Kirghizistan et de leur rôle dans la restauration de leurs terres.
Winny Chepkemoi, Kenya Land Alliance
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Winny est une jeune militante qui travaille avec le membre de l’ILC Kenya Land Alliance. Dans le cadre de son travail de plaidoyer, elle doit faire face aux préjugés liés à son âge et à son genre.
« En 2019, nous formions un conseil d’anciens sur les raisons sous-tendant la nécessité de reconnaître les droits fonciers des femmes. Je me souviens que lorsque nous sommes arrivés dans la salle de réunion, ils se sont adressés à mon chef. C’est comme si je n’avais pas ma place dans la pièce. Je pense qu’ils se disaient : ‘peut-être que son rôle est de nous apporter le thé, d’assurer notre confort.’ Ils ont été choqués lorsqu’ils ont entendu que c’était moi qui dirigeais la réunion. Ils ont dit : ‘elle n’est pas mariée ; comment peut-elle parler de droits fonciers ?’ »
LES MEMBRES DE L'ILC FONT UN TRAVAIL ÉTONNANT
VOICI QUELQUES BONNES PRATIQUES DES TROIS DERNIÈRES ANNÉES
Securing women's land rights in customary areas in Uganda
20 Janvier 2021
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