PROJET DE GESTION PARTICIPATIVE DES PARCOURS (PRM)

Piloter l'utilisation du projet de gestion participative des parcours (PRM) est un projet pluriannuel qui est mis en œuvre depuis décembre 2017 au Kenya et en Tanzanie. Le projet est financé par l'Union européenne par le biais de l'ILC, et il vise à améliorer les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire des pasteurs et des agro-pasteurs dans le contexte de demandes foncières concurrentes dans les parcours, qui entraînent la plupart du temps une dégradation des parcours. Au niveau local, le projet est mis en œuvre par deux membres de l'ILC - RECONCILE au Kenya et Tanzania Natural Resource Forum (TNRF) en Tanzanie - en collaboration avec diverses agences gouvernementales locales et nationales.

LE PROJET A POUR OBJECTIF :

• développer et renforcer les partenariats de collaboration et de soutien avec une vision commune de l'amélioration de la sécurité foncière des utilisateurs des terres de parcours.
• identifier, développer et/ou mettre à l'échelle des initiatives innovantes qui peuvent aider les gouvernements et d'autres acteurs à mettre en œuvre des politiques favorables à la sécurisation des droits fonciers, à la réduction des conflits et à la gestion inclusive des terres de parcours pour une meilleure productivité.
• partager les expériences et les leçons apprises avec et entre les différents acteurs, afin d'influencer davantage la sécurisation des ressources des terres de parcours.

En collaborant avec les ministères du gouvernement national, les gouvernements locaux, les organisations non gouvernementales, la société civile et d'autres parties prenantes, les interventions de la PRM améliorent la sécurité d'occupation dans les huit sites pilotes du projet, contribuant ainsi à sécuriser plus de 246 770 hectares de terres de parcours, dont 85 629 ha au Kenya et 161 144 ha en Tanzanie.

Tout aussi important, la participation des femmes à la gouvernance et à la gestion des terres de parcours a augmenté grâce au PRM et les conflits intracommunautaires et entre agriculteurs et éleveurs ont diminué dans les zones d'intervention du PRM.

Avec le soutien du CELEP, de l'ILRI et de l'ILC, l'approche du PRM, selon l'expérience de la Tanzanie et du Kenya, a été promue et reconnue comme un processus participatif de planification et de gestion des terres de parcours qui part des communautés et aligne le soutien du gouvernement et des agences extérieures sur la volonté des communautés.

ENCOURAGER LA PARTICIPATION ET L'ADHÉSION DES GOUVERNEMENTS LOCAUX ET NATIONAUX

La participation des gouvernements locaux et nationaux aux processus du PRM a permis d'influencer l'évolution des politiques liées au pastoralisme et aux pâturages au Kenya et en Tanzanie, à savoir les County Spatial Planning (CSP) Guidelines for Monitoring and Oversight, County Spatial Planning in Pastoral Areas annexed toolkits for the mapping au Kenya ; et le Grazing Lands and Feed Resources Act (2010) et les directives pour la planification conjointe de l'utilisation des terres dans les villages (JVLUP) en Tanzanie.

Le degré d'implication des gouvernements des comtés est élevé, notamment dans les comtés d'Isiolo, Marsabit et Samburu au Kenya, où des campagnes de sensibilisation sur la mise en œuvre de la loi sur les terres communautaires (2016) ont été menées à l'aide de la boîte à outils de planification spatiale du comté élaborée par le PRM. Par conséquent, le comté de Samburu a élaboré une politique de gestion des terres de parcours, tandis que le comté de Baringo a modifié un plan d'aménagement du territoire afin d'y intégrer la mention excessive du pastoralisme et des pâturages. En 2020, il a été demandé à RECONCILE d'apporter sa contribution à la politique forestière nationale, suite à ses efforts de plaidoyer en faveur de l'inclusion d'une approche PRM dans la gestion des ressources forestières au Kenya.

RÉTABLIR LA PAIX INTERCOMMUNALE AU KENYA ET EN TANZANIE

Les communautés ayant un passé d'affrontements fréquents et violents ont réduit leurs conflits grâce aux comités et associations de gestion des pâturages du projet qui ont pris la tête des dialogues de résolution des conflits. Ces dialogues réunissent les communautés rivales, représentées par leurs aînés, pour discuter des mesures d'atténuation afin de favoriser l'accès pacifique des communautés aux pâturages. Le projet propose également des formations sur la résolution et la gestion des conflits.

Dans le comté de Baringo, au Kenya, le projet a créé un comité de 20 anciens pour atténuer les conflits violents entre les peuples Tugen et Pokot, avec la participation du commissaire adjoint du comté, ce qui a renforcé la stabilité générale de la région.

En Tanzanie, l'implication des décideurs a amélioré l'efficacité des processus légaux de démarcation des terres par le biais de certificats de droits coutumiers d'occupation (CCRO), qui ont solidifié l'accord intercommunal sur la classification des pâturages et des terres agricoles et fourni une approche durable pour minimiser les conflits tout en favorisant un sentiment d'appropriation communautaire.

JUSTICE DE GENRE : ASSURER LE LEADERSHIP DES FEMMES DANS LES STRUCTURES DE GESTION DES PÂTURAGES

En Afrique de l'Est, le rôle des femmes des éleveurs dans le développement des moyens de subsistance est rarement reconnu et les femmes, ainsi que les jeunes, restent souvent exclus des processus décisionnels. Le PRM intègre une approche d'intégration de la dimension de genre dans ses activités, y compris un quota de base sensible au genre pour les comités de gestion des terres de parcours à un minimum de 35 % ; à ce jour, ce chiffre est en moyenne de 45 %.

Le projet a également contribué à changer les perspectives communautaires concernant le rôle des femmes dans la garantie des moyens de subsistance. Dans la communauté de Koitegan au Kenya, les femmes sont désormais en mesure d'accéder aux ressources naturelles et de les utiliser en s'adonnant à l'apiculture - une pratique qui était historiquement considérée comme une activité réservée à la population masculine.

CRÉATION D'ALLIANCES ET DE LIENS AVEC LES ACTEURS CONCERNÉS

Les processus du PRM renforcent les initiatives existantes sur la gestion des parcours et le pastoralisme en Afrique de l'Est formulées par des organisations internationales - à savoir la Coalition des lobbies européens pour le pastoralisme en Afrique de l'Est (CELEP), l'Union européenne (UE), l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et USAID. Dans les clusters OLENGAPA et ALLOLE en Tanzanie, la PRM a des liens étroits avec le projet de gestion durable des parcours (SRMP) mis en œuvre par l'ILRI et soutenu par le FIDA.