L'ÉTAT DU PROBLÈME
Seulement environ 10% des terres en Afrique subsaharienne font l'objet d'une documentation officielle, la majeure partie des 90 % restants étant détenue dans le cadre de régimes fonciers coutumiers, où les jeunes ruraux ont accès à la terre principalement par le biais de l'héritage et de l'attribution coutumière des terres.
Ces systèmes fonciers coutumiers sont souvent dominés par des chefs traditionnels conservateurs qui favorisent les hommes adultes, ce qui rend difficile pour les jeunes hommes et presque impossible pour les jeunes femmes d'accéder à la terre, de l'utiliser et de la posséder en toute sécurité. Des recherches montrent que la privation de terres et le manque d'opportunités économiques sont des moteurs importants dans la migration des jeunes et des décisions de carrière agricole dans les pays d'Afrique subsaharienne, qu'ils soient pauvres ou riches en terres.
Et pour ces jeunes (principalement des jeunes hommes) qui peuvent hériter des terres, les parcelles héritées sont souvent de mauvaise qualité et trop fragmentées pour assurer un revenu durable.
Les jeunes ruraux, femmes et hommes, peuvent également accéder à la terre grâce aux programmes gouvernementaux de redistribution des terres ou aux marchés fonciers. Mais ces systèmes s'accompagnent également de multiples contraintes qui entravent l'accès des jeunes à la terre : de nombreux jeunes manquent de ressources pour acheter ou louer des terres ; les marchés formels de vente et de location de terres sont souvent sous-développés ; la sensibilisation et les protections juridiques des droits fonciers des jeunes sont inadéquates ; et les programmes de redistribution des terres parrainés par l'État ne tiennent souvent pas compte des besoins des jeunes.
La pénurie de terres aggrave les problèmes des jeunes à faible revenu, en particulier dans les régions densément peuplées. Selon une estimation, 91 % des terres arables non cultivées d'Afrique sont concentrées dans neuf pays seulement, avec une rareté croissante de terres dans la plupart des pays Africains.
Il est presque impossible pour les jeunes femmes d'obtenir un accès, une utilisation et une propriété sécurisé de la terre.
CE N'EST PAS INSURMONTABLE
Bien que raides, les obstacles aux droits fonciers des jeunes ne sont pas insurmontables. Des organisations constatent un progrès prometteur en matière de droits fonciers des jeunes.
Le débat sur la manière, voire l'opportunité, de promouvoir les droits fonciers des jeunes n'en est qu'à ses débuts. L'une des principales questions est de savoir si les jeunes bénéficient automatiquement et suffisamment des réformes et interventions foncières existantes et/ou en cours en Afrique, ou si ces réformes et interventions foncières doivent être spécifiquement conçues ou adaptées aux besoins des jeunes. De même, les décideurs politiques s'interrogent sur la manière de relever les défis de l'amélioration des droits fonciers pendant la phase "transitoire" de la jeunesse.
C'EST LA QU’INTERVIENT L’ILC...
Voici quelques exemples de contributions de nos membres aux efforts de plaidoyer pour sécuriser le régime foncier des jeunes :
Au Sénégal, le Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux (CNCR) via son conseil de jeunes offre un espace de consultation, d'apprentissage et d'échange de connaissances sur la terre et les bonnes pratiques agricoles. Au Togo Pour un Monde Meilleur (P2M), un membre de la plateforme multipartite du Togo promeut l'investissement foncier en sensibilisant les propriétaires de terre à l'octroi de contrats de terres aux jeunes sans terre. Au Burkina Faso, le Réseau des Organisations Paysannes et des Producteurs de l'Afrique de l'Ouest (ROPPA) dirige l'Université Paysanne qui autonomise les communautés rurales et les jeunes en matière de production agricole. Dynamique des Jeunes pour l'Environnement et le Développement Durable (DYJEDD), membre de la plateforme ILC Afrique en RD Congo, un réseau de jeunes autochtones et d'autres communautés, travaille sur la gestion durable des écosystèmes forestiers du pays. Il se concentre sur le reboisement, l'atténuation du changement climatique et le développement durable. Action pour le Développement Communautaire (ADC), membre de la plateforme ILC Afrique au Cameroun, une organisation de jeunesse rurale, travaille avec les communautés locales et autochtones à travers la recherche-action, l'information et la sensibilisation, le renforcement des capacités et le plaidoyer. Kenya Land Alliance gère un programme pour les jeunes appelé Jeunes pour la Responsabilité, la Transparence et l'Inclusion dans la Gouvernance des Terres et des Ressources Naturelles.
LA BOURSE DES FUTURS LEADERS D’ILC
La bourse ILC pour les futurs dirigeants est un programme qui dure un an dédié aux jeunes militants et acteurs du changement qui font la différence au sein des organisations du réseau ILC et dans le domaine des droits fonciers.
L'ILC a mis au point ce programme dynamique permettant aux jeunes du réseau d'entrer en contact avec d'autres jeunes du monde entier et de les doter d'outils de leadership et d'apporter des changements pour assurer la gouvernance foncière et atteindre les Objectifs de Développement Durable. La bourse met un accent particulier sur la promotion du leadership des femmes.
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VERS UNE PLATEFORME MULTILATERALE SUR LES JEUNES ET LA GOUVERNANCE FONCIERE EN AFRIQUE
Une plateforme de partenariat plurielle sur la gouvernance foncière des jeunes est envisagée pour rassembler les différentes parties prenantes du secteur foncier en Afrique afin de mettre en synergie leurs efforts pour promouvoir l'accès et le contrôle, la propriété et l'utilisation des terres par les jeunes. Elle fournira un forum aux acteurs des gouvernements, des organisations de la société civile, des organisations non gouvernementales internationales, du secteur privé, des représentants des universités et des communautés à dialoguer sur les politiques et les pratiques visant à améliorer la gouvernance foncière des jeunes. La plate-forme devrait s'appuyer sur les plaidoyers existants mis en œuvre par les membres et les partenaires. Parmi ceux-ci, on peut citer les projets jeunesse Landesa mis en œuvre au Kenya, au Libéria, en Tanzanie et au Zimbabwe, la promotion des droits fonciers des jeunes à travers diverses initiatives, y compris les évaluations foncières des jeunes et le développement d'outils sur les droits fonciers, le renforcement des capacités de la société civile, la sensibilisation aux droits fonciers et les campagnes lois et politiques foncières et renforcement des droits fonciers des jeunes femmes ; les programmes jeunesse du FIDA et de la FAO, les initiatives de l'ILC en faveur des jeunes et de l'accès à la terre parmi ses membres, etc. Des plans sont en cours pour réunir ces parties prenantes afin de développer un processus conjoint sur la gouvernance foncière des jeunes.
Les principales parties prenantes visées par le processus sont les organisations de la société civile (OSC), le secteur privé et les universités. Les principaux partenaires ciblés sont l'Autorité Inter-Gouvernementale pour le Développement (IGAD), Landesa, l'Union Africaine (UA), YILAA, le Fond International de Développement Agricole (FIDA), l'Organisation pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), la Fondation Cadasta et la Banque mondiale (BM), entre autres.